No. 104 Gynécologie - Hépatologie - Rhumatologie

Editorial

Il était une fois la révolution…

Un nouveau type de traitement se profile, dont les noms de molécules se terminent tous par iran pour ARN interférent.
Tout part de la compréhension d’un mécanisme d’action appelé RISC à la fin des années 90, qui a été couronné par un prix Nobel en 2006. Cette machinerie humaine d’une extrême sophistication, par le guidage de petits ARN, permet de réguler l’expression de la moitié de nos gènes !
Il n’en fallait pas plus aux chercheurs pour exploiter ce système et trouver des débouchés thérapeutiques. Le principe très général est le suivant : le complexe RISC va charger l’ARN interférent injecté, interroger/scanner tous les ARN messagers présents dans la cellule et, dès que l’ARN interférent a interféré/trouvé « son » ARN cible, le système RISC coupe l’ARN cible empêchant la synthèse de la protéine correspondante et rendre ainsi « silencieux » tel ou tel gène. Prodigieux ! Ceci ouvre la voie à de nombreuses voies thérapeutiques agissant en amont des thérapies classiques, en particulier :
Prévenir et traiter des maladies infectieuses, grippe, Zika, cytomégalovirus ;
Lutter contre les cancers en ciblant les gènes potentiellement impliqués dans la résistance aux traitements ou en créant des vaccins stimulant l’immunité contre des tumeurs ;
Soulager des maladies auto-immunes et inflammatoires telles que la SEP, la maladie de Crohn, ou la rectocolique hémorragique ;
Traiter des maladies génétiques héréditaires : hémophilie, maladie de Duchenne, mucoviscidose. Les ARNi sont déjà efficaces contre l’hypertension artérielle, l’amylose héréditaire à transthyrétine et l’hypercholestérolémie.
On peut y rajouter de nombreuses cerises sur le gâteau, à savoir que ces traitements n’entraînent pas d’effets secondaires et, la machinerie RISC étant universelle, le principe de l’ARNi s’applique au monde animal et au monde végétal dans le but notamment de supprimer des pesticides chimiques ou de réduire la toxicité de nombreuses plantes.
Nous ne sommes plus dans un film de Sergio Leone, nous sommes à l’aube d’une véritable révolution ! Sans transition, dans ce numéro, nous avons voulu faire un rappel sur une pathologie fréquente et dont on parle beaucoup, l’endométriose, vu sous l’angle des douleurs pelviennes chroniques.
À la suite de l’enquête de notre dernier numéro qui avait suscité une réelle demande, nous vous proposons un article proposant une stratégie simple de dépistage et de prise en charge des maladies dysmétaboliques du foie (NASH devenue MASH). Enfin, car une fracture en annonce d’autres, vous trouverez un article pour améliorer la prise en charge des fractures de fragilité osseuse.
Notre enquête porte sur les gestes techniques habituellement pratiqués par les généralistes ; elle a suscité beaucoup d’intérêt. Il en résulte que la plupart des actes sont moins pratiqués par les jeunes et par les femmes, en dehors des actes à visée gynécologique. Découvrez cette enquête passionnante qui met aussi en exergue les freins à ces pratiques.
Les congrès Preuves & Pratiques du 2e semestre viennent tout juste de reprendre, consultez le calendrier de votre région et ne manquez pas cette opportunité de faire le point sur plus de 20 pathologies ou situations cliniques en une seule journée !

Renaud Samakh
Directeur de la publication